Itinéraire musical

1990-1992

Au lycée, comme mes copines, je suis charmée par les New Kids On The Block. Avec l'une d'elle, je me rends à mon premier concert, celui de Patrick Bruel,  au Parc de la Beaujoire à Nantes ! Hé oui, c'est la magie Bru-Bru qui excite les filles à l'époque... J'écoute en boucle son album Alors regarde. Je m'intéresse aussi au rap poétique d'MC Solaar le temps d'un album (Qui sème le vent récolte le tempo). C'est alors que des réminiscences disco me viennent à l'oreille, celles d'Earth, Wind and Fire ! Je re-découvre leurs titres sur une maxi-compilation, toujours au format K7. D'autres chansons me reviennent, celles de Daniel Balavoine, que j'écoute beaucoup aussi à cette époque.

Mon deuxième concert ne sera rien moins que celui de Dire Straits au Stade de la Beaujoire ! Leur album On every street est sorti quelques mois avant et j'y vais là aussi pour suivre les copines. Je me rends compte que je connaissais quand même peu de leurs tubes mais un morceau me parle : Private investigation, utilisé dans une publicité pour le Crédit Agricole ! 

Quelques mois plus tard, je pars en camp itinérant en Irlande pour 3 semaines. Je fais la connaissance avec un garçon effacé mais attachant, Cédric, qui me fait écouter un autre album de Dire Straits, Brothers in arms, qui bercera cette romance. Dans un bus en direction de Kinsale, quelqu'un trouve une K7 oubliée sur laquelle est copiée la bande originale du film The Commitments, dont l'action se déroule précisément dans la banlieue dublinoise des années 1980. La K7 passe de walk-man en walk-man et je l'écoute à mon tour : wow ! Quelle chaleur, quelle énergie ! Quelles voix ! Je ne reconnais alors que Try a little tenderness parmi ces standards de la soul, et même aujourd'hui, les reprises le disputent encore en force et beauté aux versions originales.

De retour en France, je me procure les albums de Dire Straits : Dire Straits où figure le tube Sultans of Swing, Communiqué, Making movies, Love over Gold... et bien sûr, Brothers in Arms. J'adopte même un look à ce qui me semble correspondre à l'atmosphère des mélodies du groupe : veste longue d'homme (celle que mon père portait à son mariage !), chemise à carreaux aux couleurs pastel, jean's droit et mes increvables Pataugas montantes beiges qui m'ont plus ou moins tenu les pieds au sec pendant ces pluvieuses semaines en Irlande. Sans rancune...

1993-1996 : le virage rock

Un autre groupe me plaît déjà pas mal à l'époque et ça tombe bien car il passe bientôt en concert dans ce cher vieux Stade de la Beaujoire : U2. Une lettre, un chiffre, plusieurs possibilités : nom d'un « avion espion américain qui a été abattu en Union soviétique quelques jours avant la naissance de Bono » (merci Wikipedia).

C'était à l'époque de leur Zoo TV Tour et à la veille de la sortie de leur album Zooropa. Ma petite sœur souhaitait aussi y aller, nous nous sommes donc installées dans les gradins, à l'abri des mouvements de la foule que j'avais pu expérimenter au concert de Dire Straits, étant dans la fosse avec mes copines. Un copain nous accompagne aussi, avec qui j'ai sympathisé aux sports d'hiver dans les Pyrénées. Bref, ce fut un superbe show, et par la suite le copain en question m'a fait passer quelques albums de U2 puis je me les suis procurés au fur et à mesure. Je me suis de plus en plus entichée de ce groupe et ça a duré pas mal d'années, jusqu'au début des années 2000. C'était une passion assez exclusive, je le reconnais, j'avais du mal à m'ouvrir à d'autres artistes ou types de musiques. Et gare aux mauvaises critiques !

L'année du bac se termine enfin et avec ma soeur on accroche aussi pas mal à l'album We can't dance de Genesis. 

Je commence mes études supérieures de lettres modernes dans une sous-préfecture vendéenne (quelle idée, quand j'y pense !) et je suis hébergée dans un foyer de jeunes filles (plutôt sécurisant pour les parents). Je me lance à corps perdu dans ma folie U2 et je la partage avec quelques uns... Je m'intéresse aussi pas mal à Depeche Mode, surtout à travers leur album Violator et leur live 101. J'aime aussi beaucoup l'album Samedi soir sur la Terre de Francis Cabrel, dont la radio Alouette FM passait les titres.

En été 1994, lors de vacances familiales sur la côte de Murcie en Espagne, ma soeur et moi sympathisons (voire un peu plus) avec de gentils Espagnols qui travaillent comme sauveteurs sur la plage, du moins est-ce ce qu'ils sont supposés faire... Celui avec qui ma soeur flirte est fan des Guns'n Roses, ce qui nous inspire pendant quelques temps.

De retour aux études, la folie U2 me reprend de plus belle et je continue de découvrir leurs albums, notammentThe Unforgettable Fire, qui détonne de ceux que je connaissais. 1995 voit la sortie de leur album cyberpunk Passengers, non crédité sous le nom de U2 mais auquel participèrent les quatre compères, accompagnés d'autres artistes dont un certain Brian Eno... C'est aussi cette année-là que mon flirt de l'époque me fait écouter l'album Grace du regretté Jeff Buckley. Je dois à ce même garçon (pas au chanteur !) de ne plus pouvoir supporter la belle chanson Hallelujah empruntée à Leonard Cohen. Nous écoutons aussi pas mal Nirvana, période grunge oblige.

1997 : le tournant électro

À la rentrée universitaire de 1996, je quitte sans regrets les terres vendéennes et poursuis mes études à Angers. Je vis désormais dans une gentille colocation aménagée dans une maison bourgeoise. Equipée d'un modeste cube radio-réveil, j'écoute la matinale d'Arthur sur Europe 2 qui passe de bons tubes, mais aussi d'autres radios comme RTL2, Chérie FM, Nostalgie... Le week-end, je rentre à Carquefou et je prends des cours de guitare folk le samedi matin. Inutile de préciser ce que je joue à la fête de la musique...

Côté vie étudiante, la cité angevine est beaucoup plus vivante et attractive que la capitale vendéenne. Avec une copine de promo, on sortait dans un bar, le Dupond & Dupont, dont la cave se transformait parfois en dancefloor. Ce qu'on a pu s'amuser... À l'occasion de vacances, elle m'invite à passer quelques jours chez ses parents afin de préparer ensemble un exposé sur Saint John Perse (jamais accroché à sa poésie, trop hermétique pour moi). Un matin, je me hasarde à regarder les disques de sa jeune soeur qui n'est pas là. Et je tombe sur l'album Post de Björk, dont le nom m'était familier car on en parlait pas mal. Curieuse (oui, quand même !), je mets le CD dans le lecteur et là... Waouh !! La claque monumentale ! J'avais l'impression qu'un truc se connectait enfin dans mon cerveau, quelque chose qui me manquait sans que je le sache ! Ce mélange de sons électroniques et de partitions de cordes renversantes, cette voix unique... Je suis sous le charme ! Je découvre également Portishead et Jay Jay Johanson, le crooner venu du froid. Mon univers s'ouvre peu à peu...

Lors d'une soirée étudiante enflammée, accompagnée d'une autre amie de promo, je sympathise avec de drôles d'hurluberlus, des étudiants ingénieurs à l'ESEO, une école tout proche de la Catho. Ils nous apprennent à danser le rock et avec eux, on écume les soirées étudiantes pour perfectionner nos passes sur les titres new wave, disco... Ils nous emmènent dans un endroit, la « boquette rock », une sorte d'institution organisée par l'ENSAM, de l'autre côté de la Maine. Un endroit super cool pour danser avec d'autres partenaires sur la musique dont je raffole... Jusqu'à la fin de la soirée où le registre passe à la techno et là j'ai un peu de mal. C'est quand même l'occasion de faire connaissance avec de beaux garçons, hi hi !

C'est d'ailleurs accompagnée de l'un d'eux qu'à une soirée, où on fêtait je ne sais plus quoi dans l'appartement de je ne sais plus qui, passait en fond sonore la bande originale du film Trainspotting. Posée sur le canapé, j'écoute distraitement un morceau qui me paraît décidément très planant... Je regarde le boîtier du CD pour en savoir plus et là, qu'est-ce que je lis ? Deep Blue Day, Brian Eno. Brian Eno... Ce nom me parle... Ce ne serait pas celui que je vois tout le temps apparaître au dos des pochettes d'albums de U2 ?